À la fin de l’année 2019, nous avons découvert le documentaire « Deux chiens pour une traversée » réalisé par Gérard et Roxanne. Depuis nous suivons avec intérêt leurs aventures avec leurs trois chiens, deux huskys, Jack et Neirock, et la petite jack russell, Texas.
Fan de sports outdoor, Roxanne pratique la cani-randonnée à ski, en raquettes et à pied ainsi que le canitrail. Après de nombreuses années de pratique, elle a décidé d’écrire un mini guide très complet sur le sujet. Nous avons récemment reçu le guide et l’avons lu avec enthousiasme.
Après la réception du livre, nous avons rapidement contacté Roxanne pour pouvoir lui poser plein de questions dont voici le détail si dessous.
- Peux-tu te présenter, nous parler de toi et ton parcours ?
- Quel est ton lien avec les chiens, depuis ton enfance jusqu’à maintenant ? Et comment les chiens sont entrés dans votre vie et votre travail ? Car ils font partie intégrante de votre équipe.
- Quand et comment as-tu commencé la cani-randonnée ?
- Tu as récemment écrit un super petit guide pratique sur la cani-randonnée, d’où est né le projet d’écrire ce livre ?
- Dans ton livre, tu parles des règlementations vis-à-vis des sites naturels interdits aux chien d’un point de vue législatif, peux-tu nous parler de ton propre ressenti et point de vue sur le sujet ?
- Y a-t-il des erreurs que tu as faites en cani-randonnée, qui t’ont marqué et desquelles tu as tiré une leçon (concernant tes chiens, la préparation, l’organisation, etc…)
- Ton livre est un condensé de bons conseils et bonnes pratiques, mais peux-tu donner un ou deux conseils à quelqu’un qui débute la Cani-randonnée ?
- Tu pars faire un projet avec Neirock bientôt il nous semble. Accepterais-tu de nous en dire un peu plus ? As-tu eu une crise de jalousie de la part de Jack et Texas ?
Peux-tu te présenter, nous parler de toi et de ton parcours ?
Je m’appelle Roxanne, j’ai 35 ans et à la base j’ai suivi une formation dans le droit. J’ai un diplôme de notaire, une activité que j’ai exercé pendant 8 ans environ puis j’en ai eu marre d’être dans un bureau 10 heures par jour…
J’ai préféré me tourner vers ma passion du plein air et avec mon compagnon, Gérard, on a décidé de se lancer dans nos passions que sont la photo et la vidéo. On a travaillé pour en faire une activité professionnelle rémunératrice.
Quel est ton lien avec les chiens, depuis ton enfance jusqu’à maintenant ? Et comment les chiens sont entrés dans votre vie et votre travail ? Car ils font partie intégrante de votre équipe.
J’ai grandi avec un chien car à ma naissance mes parents en avaient un et dans mon enfance, on avait toujours un chien. Il y a eu une longue période où on n’en a plus eu quand j’étais ado car mon père travaillait beaucoup puis quand j’étais étudiante, même si l’envie était là, il m’était impossible de subvenir aux besoins d’un chien donc j’ai laissé murir cette idée dans un coin de ma tête.
Plus tard, suite à un voyage en Finlande où j’ai fait du traineau à chiens, je suis tombée amoureuse du husky. J’ai laissé l’idée trotter dans ma tête encore un peu et quand je suis entrée dans la vie active et que mon environnement devenait plus propice à l’adoption j’ai commencé à chercher un élevage. Je sais qu’il y a beaucoup de chiens en refuges, mais comme il y a beaucoup de croisements et que j’avais vraiment aimé cette race-là pour son caractère et pour ce qu’elle avait à offrir, je ne voulais pas passer à côté de ça.
J’ai trouvé un petit élevage familial dans le Tarn, un élevage vraiment respectueux de ses chiens et qui prend le temps de faire de longs entretiens avec les adoptants pour nous sonder et apprendre à nous connaître. Quand l’éleveur m’a donné son feu vert, j’ai réservé un chiot d’une future portée (il faut savoir qu’il y a peu de portée à l’année, ce qui est mieux pour la santé des chiens) et quelques mois plus tard, j’ai pu adopter mon petit Jack.
Je voulais un chiot pour pouvoir l’éduquer et l’habituer à mon style de vie facilement. C’est un avantage de pouvoir l’éduquer dès son plus jeune âge. Je vois avec Jack qui va avoir 7 ans, il est très équilibré. Il nous suit partout, c’est le seul des trois qui est capable d’attendre quand on lui demande. J’ai respecté sa croissance lorsqu’il était petit, car ce n’est pas avant un an que l’on peut vraiment l’emmener en randonnée, mais avoir pu l’éduquer a été un gros avantage pour se mettre à la cani-randonnée.
Quand et comment as-tu commencé la cani-randonnée ?
Je voulais un chien qui soit capable de me suivre dans mes aventures à ski, raquettes, trail et randonnée et le husky a vraiment cette prédestination à courir. Il a une bonne endurance et une super condition physique.
J’ai donc commencé la cani-randonnée avec Jack et l’entraînement s’est super bien passé. Ça a été relativement simple et progressif. Mais c’est ce qu’il faut : de la progressivité dans l’éducation et l’entrainement, car les chiens sont comme nous, un « corps physique » qui a besoin de s’habituer à l’effort pour le supporter.
Ça demande quand même une bonne dose d’adaptation de notre part et de celle du chien, mais ça nous sort de notre zone de confort et faire du sport avec son chien, je considère que c’est un ultime moment de complicité et de partage.
Tu as récemment écrit un super petit guide pratique sur la cani-randonnée, d’où est né le projet d’écrire ce livre ?
Depuis que l’on a fait la traversée des Pyrénées avec Texas et Jack et qu’on a sorti notre documentaire, beaucoup de personnes nous ont posé beaucoup de questions. J’ai vraiment réalisé à ce moment-là qu’il y a une grosse méconnaissance sur le sujet de la cani-randonnée et surtout un manque d’information et de ressources pour se renseigner.
Avec Jack, j’ai appris seule. J’ai fait quelques erreurs, rien de grave, mais j’ai du faire toute mon éducation et la sienne pour pratiquer ensemble. J’ai fait des essais et j’ai vu ce qui marchait bien et ce qui ne marchait pas. Mais lorsque je faisais des recherches sur telle ou telle chose, je ne trouvais jamais les informations que je cherchais alors je me suis dit qu’il fallait que j’écrive un guide.
J’ai écrit un sommaire, j’ai noté mes idées et j’ai rédigé rapidement le guide car je savais ce qu’il fallait évoquer. En fait, la majorité des questions que l’on nous pose sont toujours les mêmes.
Quand Chamina Éditions a accepté de publier mon livre, j’étais folle de joie. Et le livre a été vraiment bien reçu à sa sortie. J’ai été en contact avec des personnes expérimentées qui m’ont dit : « Si j’avais eu ce livre entre les mains lorsque j’ai débuté, j’aurais fait beaucoup moins d’erreur ». C’est un retour génial !
Dans ton livre, tu parles des règlementations vis-à-vis des sites naturels interdits aux chiens d’un point de vue législatif, peux-tu nous parler de ton propre ressenti et point de vue sur le sujet ?
Beaucoup de maîtres sont opposés à cette idée de zones totalement interdites aux chiens et même aux zones où on doit simplement tenir son chien en laisse. Je pense qu’on en est arrivé là parce qu’il y a beaucoup de manque de respect. Le problème vient du fait que beaucoup de maîtres, moi la première à l’époque, ne comprennent pas qu’un chien détaché est un gros problème pour l’environnement dans lequel il évolue et ce qui embête souvent les gens c’est qu’il faut éduquer son chien. Ça demande du temps et de la patience que l’on n’a plus aujourd’hui.
Les gens pensent bien faire en se disant : « Mais c’est pas grave, mon chien il est gentil, il ne fait que courir… ». Mais il y a également des randonneurs qui n’aiment pas les chiens ou qui en ont peur, et c’est normal. Ça leur créée un stress… Pourtant on est censé tous vivre en communauté quand on pratique un sport, et ne pas se déranger les uns les autres.
De plus, le chien est un prédateur et ça, on ne veut pas le voir. Que ce soit un yorkshire, un golden ou un cocker, le chien a un instinct de prédateur. C’est un fait. Il n’aura pas forcément envie de tuer, mais même en jouant, il dérange une faune sauvage qui vit loin de l’homme et des animaux domestiques et qui ne demande pas à être dérangée. Une marmotte stressée par un chien peut abandonner son terrier par peur et laisser mourir ses petits.
Dans une zone naturelle protégée, un chien répand également des bactéries étrangères avec ses crottes. En mangeant de la nourriture transformée (aussi bio ou saine soit-elle) et en étant vermifugé, il apporte dans un écosystème fragile, des germes qui peuvent déséquilibrer la faune et la flore.
Le parc du Mercantour, sur son site internet, explique très bien tout ça. D’ailleurs c’est ce que j’ai repris dans mon livre parce que je trouvais que c’était l’explication la plus objective possible (Lire l’article du Parc national du Mercantour).
Y a-t-il des erreurs que tu as faites en cani-randonnée, qui t’ont marquée et desquelles tu as tiré une leçon (concernant tes chiens, la préparation, l’organisation, etc…)
La plus grosse « erreur » – heureusement il n’y a pas eu de conséquences, c’est plus moi qui m’en suis voulu – c’est d’avoir un peu trop poussé mon chien un jour où on est allés faire une sortie en raquettes. Jack ne rechigne pas à la tâche, il ne va pas dire qu’il est fatigué ou qu’il en a marre. Ce jour-là, je crois qu’on a fait quasiment 18 kilomètres, on avait pas mal de dénivelé dans la neige, on s’enfonçait et malgré tout, je voyais mon Jack qui était bien. On était tous les deux et c’était une belle journée en plus… En arrivant à la voiture, j’ai à peine eu le temps d’ouvrir le coffre que je vois mon chien qui était couché sous la voiture en train de dormir. Là je me suis dit que j’étais allée un peu trop loin.
Ton livre est un condensé de bons conseils et bonnes pratiques, mais peux-tu donner un ou deux conseils à quelqu’un qui débute la cani-randonnée ?
Je dirais d’y aller progressivement parce que je pense que c’est la clé pour que ça marche bien pour le binôme. Il y a des gens qui nous disent : « Je suis parti direct sur 20 kilomètres et mon chien était trop content ». Oui, le chien était content, mais ça reste un animal et un corps physique qui doit s’entraîner comme nous. Ça va peut-être passer une fois ou deux, mais je pense que le maître mot c’est toujours « progressivité ».
Il est même intéressant d’établir un plan d’entraînement comme le ferait tout sportif pour monter graduellement en difficulté et ne pas se dégouter et se blesser.
Le second conseil est de choisir du matériel de qualité. Il est important de choisir le confort et le bien-être de son chien avant de choisir les dernières couleurs à la mode. Le prix peut parfois être onéreux et encore, un bon harnais à environ 35€ pourra durer toute la vie de notre chien.
Dans mon guide, je mets en avant le matériel que l’on utilise avec nos chiens depuis des années. Je cite des marques en lesquelles on a entièrement confiance et qu’on recommande les yeux fermés.
Tu pars faire un projet avec Neirock bientôt il nous semble. Accepterais-tu de nous en dire un peu plus ? As-tu eu une crise de jalousie de la part de Jack et Texas ?
L’idée, c’est de faire le Sentiers International des Appalaches (SIA). C’est le sentier le plus long que l’on peut faire au Québec et qui emprunte le moins de routes possible.
Je vais faire la quasi-totalité avec Neirock, mais Gérard va récupérer le chien avant mon entrée dans le Parc de la Gaspésie (totalement interdit aux chiens) et je vais le récupérer en ressortant du parc.
Jack a déjà connu la randonnée itinérante et Texas, aussi motivée et énergique soit-elle, va sur ses 9 ans donc on veut la ménager à partir de maintenant pour lui éviter les problèmes de santé. J’ai décidé de partir avec Neirock qui est encore un bébé dans sa tête et qui n’a jamais connu de longues randonnées de plus de quelques jours.
Un grand merci à Roxanne de nous avoir accordé cette entrevue et on espère que son expérience puisse vous servir si vous êtres maître.sse d’un chien ou prévoyez de l’être. Nous qui souhaitons adopter un chien dans le futur, nous sommes certaines de nous appuyer sur son guide pratique qui est une mine d’or !
Le livre de Roxanne « Le petit guide pratique de la Cani-Randonnée » est disponible à l’achat à la Fnac, chez Cultura ou encore sur Amazon (mais préférez les deux premiers si vous pouvez). Il est peut-être possible, et favorable, de le faire commander par votre librairie locale.
Vous pouvez suivre Roxanne sur son compte Instagram, sur la page Facebook Trois chiens pour une traversée et sur YouTube 3 chiens pour 1 traversée. Vous pouvez également trouver le compte de Gérard sur Instagram.
➡️ Visionner le documentaire : 2 chiens pour 1 traversée, la grande traversée des Pyrénées GR10 en autonomie.
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Yo ! 🙂
Déjà super idée ! moi qui voulais un chien nordique ( et même un chien tout court en fait ^^ ) ca m’a trop motivé ^^
Ce n’est pas trop compliqué de gérer la bouffe et l’eau pour vous quatre ? c’est quoi ton astuce ?
Bonjour Nicolas !
Heureuses de voir que cet article t’as motivé.
On te conseille de contacter directement Roxanne sur son compte Instagram ou Roxanne et Gérard via leur page Facebook pour poser tes questions (les liens sont à la fin de l’article). Cet article est un interview, Roxanne ne pourra pas te répondre ici.
N’hésite pas également à te procurer le guide de Roxanne, c’est une mine d’or pour débuter la cani-randonnée !