Quatre jeunes et un projet épique, ça vous intéresse ? Jérémy, Aubin, François et Thibaud sont quatre jeunes avec de l’ambition. Ils ont monté un projet énorme qui se base sur le sport et l’entraide et ce, de l’autre côté du monde. Le nom de leur projet ? 400 Lieues sur la Terre. Leur but ? Traverser le Népal à pied sur environ 1500 kilomètres puis s’intégrer à une école sur place pour aider les professeurs et mettre leurs compétences au service des élèves. Nous les avons interviewé et ils méritent toute votre attention.
Qu’est ce qui vous a motivé à vous lancer dans ce projet ?
Nous sommes tous les quatre des sportifs assidus et amoureux de montagne. Ce n’est pas par hasard si on s’est tous retrouvés ensembles sur les bancs de l’école à la Prépa des INP de Grenoble ! C’est une ville au cœur des alpes entourées de magnifiques massifs tels que le Vercors, la Chartreuse ou Belledonne. Cet environnement offre un terrain de jeu illimité pour les les activités outdoor type randonnée, trail, cyclisme, escalade, etc. La liste est sans fin.
En baignant dans cet univers pendant nos études, nous avons vite répondu aux multiples appels que nous lançaient les montagnes et nous nous sommes retrouvés à pratiquer de nombreux sports et notamment les raids multisports par équipe. Ce sont des courses à plusieurs en milieu sauvage qui mêlent course à pied, VTT, course d’orientation, kayak, etc. Elles offrent à chaque fois de magnifiques aventures sportives et humaines. Mais nous voulions entreprendre quelque chose de plus grand, et on a eu la possibilité de le faire au cours d’une année de césure.
L’idée, c’est d’abord de se confronter à un défi physique hors norme. Nous partirons en septembre 2018 pour traverser le Népal à pied de la frontière Est à la frontière Ouest. Cela représente près de 1500 km avec plusieurs passages à plus de 5000 m d’altitude pour un dénivelé total de 77000 m. Par ce défi, nous aurons l’occasion de vivre à 100% pendant trois mois. Nous aurons sûrement des coups durs, des moments jouissifs et le fait de partager tout ça entre amis et 24h/24 sera fort en terme d’émotions. Cette traversée sera également l’occasion de prendre son temps, pour une fois ! En effet, les journées dans la vie occidentale sont sans cesse ponctuées de timing à respecter et pour une fois, nous pourrons mettre nos montres de côté et profiter de chaque instant. Nous tâcherons d’aller au plus proche des populations rencontrées pour mélanger nos cultures, pour prendre conscience d’un mode de vie différent et sûrement parfois difficile. Pour ce faire, nous essaierons au plus possible de dormir chez l’habitant lors de notre trek.
Notre motivation pour la deuxième partie du projet est simple : avoir la possibilité, de pars nos conditions d’étudiants ingénieurs, de pouvoir être utile à des gens qu’il est facile d’aider en leur apportant nos connaissances. Pour concrétiser cela, nous passerons trois mois à la suite de notre trek dans une école au nord de Katmandou. Nous tenions à ce que ce projet ne soit pas seulement personnel mais qu’il puisse bénéficier à autrui.
Pourquoi avoir choisi le Népal ?
Le choix s’est fait un peu naturellement. Il n’y a pas vraiment eu de débat. Nous avons tous une admiration inégalée pour la montagne et le Népal nous apparaît comme la Mecque en ce qui concerne le trekking et l’alpinisme. Nous sommes tout les quatre très sensibles aux histoires de conquêtes de sommets ! Que ce soit celles concernant l’Everest ou celles concernant les Annapurnas, elles nous inspirent particulièrement. Le fait de pouvoir approcher tous ces sommets jusqu’à certain camps de bases est particulier au Népal. Le côté altitude a également joué. C’est un pays qui permet de randonner à plus de 5000 m sans que ce soit de l’alpinisme. Cela nous intéresse de découvrir ce dont notre corps est capable de faire à de telles altitudes.
Par delà l’aspect Népal comme susciteur de rêve, nous avons tous été très marqué par les séismes de 2015 qui ont été très dévastateurs et qui ont touché de nombreuses personnes qui avaient au préalable des conditions de vie assez difficiles. Toutes les images de cette catastrophe nous ont beaucoup touchées et l’envie d’aider ces populations s’est installée solidement en nous. Notre action solidaire et éducative sera un moyen indirect de participer au bon développement d’un pays qui est en retard par rapport à ceux occidentaux.
Vous planifiez de marcher en automne, de septembre à mi-décembre. Y a-t-il une raison particulière ?
Il faut savoir que le climat est assez contraignant au Népal. La mousson rend l’été très humide de mai à septembre et il est difficile de s’engager dans un trek pendant cette période. En effet des pluies torrentielles s’abattent sur le pays et les risques de glissements de terrains ou d’inondations sont nombreux. Nous espérons pouvoir entamer notre traversée mi-septembre mais nous ne pouvons pas prévoir de date précise pour le moment. Nous resterons à Katmandou le temps qu’une fenêtre météo arrive ! On nous a prévenu que lorsqu’il vient de pleuvoir et que les arbres sont humides, les sangsues se laissent tomber sur les marcheurs pour se nourrir de leur sang, nous ne chercherons donc pas à nous précipiter !
Les mois d’octobre, novembre et décembre sont parfait pour le trekking. Il fait très souvent beau et les températures sont appréciables. En revanche, il ne faudra pas trop tarder fin décembre car l’hiver népalais est court mais rigoureux de janvier à février. Il fait alors très froid en altitude et les cols risquent d’être impraticables à cause de la neige.
Nous aurions pu marcher à la fin de l’hiver, à partir de mars, mais nous aurions pris le risque de subir la mousson à la fin du trek. De plus nous tenions à faire le trek avant de passer du temps à l’école pour nous laisser le temps de découvrir le pays, les coutumes et les gens qui y vivent.
Vous semblez être des sportifs aguerris mais prévoyez-vous une préparation physique spécifique pour accomplir votre défi ? Si oui, quelle sera cet entraînement ?
Aguerris je ne sais pas ! Passionnés c’est sûr ! Effectivement nous faisons beaucoup de sport donc l’entrainement se fera naturellement en partie ! Nous participons régulièrement à des compétitions dans les sports d’endurance que nous affectionnons comme le trail, le cyclisme et pour certains la natation ! Nous prendrons également part à des raid multisport avec en particulier le Raid Grenoble INP sur deux jours et 15h d’effort en équipe au mois de mai. Néanmoins, nous nous sommes fixés quelques défis à relever à plusieurs comme la traversée du massif de la Chartreuse en VTT au mois d’avril ou encore quelques treks sur plusieurs jours cet été. Nous avons pensé au tour du Mont-Blanc, la traversée des volcans d’Auvergne ou encore la grande traversée du massif de Belledonne.
Cet été, une fois que nous aurons récupéré notre matériel, il faudra le tester en conditions réelles. Il ne faut pas arriver au mois de septembre au Népal avec des chaussures jamais portées par exemple ! De même, ce serait bien si nous pouvions tester les tentes et les sacs à dos à poids réels sur des randonnées même si nous ne pourrons pas toujours être tous les quatre.
Quelle autonomie aurez-vous au cours du trek ? Serez-vous accompagné de guides par moment ?
Nous souhaitons être le plus autonome possible. L’idée c’est d’être indépendant et d’avancer à notre rythme. Si on est amené à rencontrer des personnes formidables ou qu’on découvre un lieu qui nous plait beaucoup, on veut avoir la possibilité d’y rester quelques jours pour profiter sans se soucier du timing.
La majorité de l’itinéraire prévu ne présente aucun risque. Marcher à 4000 m au Népal, c’est randonner à 1000 m en France pour ce qui est des difficultés « techniques ». Nous sommes conscient des risques liés à l’acclimatation. Généralement, les gens ont des problèmes car ils viennent au Népal pour faire un trek de 15 jours et qu’ils ne laissent pas le temps pour l’acclimatation en montant trop vite. En ce qui nous concerne, les trois premières semaines nous marcherons entre des altitudes de 1000m à 3500m ce qui nous laissera le temps de nous habituer à l’altitude avant d’arriver dans la vallée de l’Everest où nous atteindrons les 5500m.
Nous avons posé directement la question du guide à notre contact sur place qui est dirigeant de l’école et connaît bien les différents treks. Il nous a conseillé d’en prendre un pour les trois cols à plus de 5000 m de l’Everest. Il y a du monde dans cette région mais ça dépend des jours. On peut très bien se retrouver un jour d’affluence minime et il est possible que la neige à cette période cache le chemin. De plus si on a un problème à ces altitudes, nous ne serons peut-être pas capable de gérer tout seul alors que le guide est qualifié pour ça.
Apparemment prendre un guide, sans passer par une agence, revient à 25 dollars par jour. Si nous en prenons un, ce sera pour une dizaine de jours.
Nous passerons un dernier col à plus de 5000m dans la région des Annapurnas en novembre. Cependant, c’est le trek d’excellence à cette période donc nous serons nombreux sur les chemins et la présence d’un guide n’est pas une nécessité.
Vous allez passer les 3 derniers mois de votre voyage auprès d’une école népalaise en bénévolat. Qu’avez-vous prévu d’y faire exactement ?
Nous tenions à ce que notre projet ait une vocation solidaire. On est rentrés en contact par personnes interposées avec la directrice de l’école Victor Hugo Manjushree Vidyapith. Nous avons eu la chance de la rencontrer en octobre alors qu’elle était de passage à Grenoble. Son objectif en terme d’éducation est de travailler sur l’ouverture au monde. C’est à ce niveau que les bénévoles interviennent. Par leurs différences, les échanges sont très riches et les élèves apprennent naturellement beaucoup. Mener une action dans l’éducation est un moyen pour nous de participer au développement du pays. En effet, ce sont les élèves qui seront amenés à « diriger » le pays plus tard et le fait d’avoir du recul sur les sociétés du monde ne peut-être que positif pour mener le pays dans la bonne direction.
En particulier, nous serons amenés à accompagner les professeurs dans leurs cours de mathématiques, physiques, informatique ou encore sport. Nous pourrons également organiser le soutien scolaire à l’internat.
Nous avons de solides compétences en sciences ce qui nous permettra de mener des actions plus diverses auprès des élèves. Nous souhaitons préparer l’Exposcience. C’est un événement organisé tous les ans et qui se prépare pendant trois mois. L’idée est de mener avec les élèves des petits projets et expériences scientifiques pour les présenter par groupe à d’autres écoles à la fin du module. Nous réfléchissons donc déjà à des choses instructives et réalisables notamment sur les sujets de l’hydraulique et des énergies renouvelables. L’un de nous a de solides compétences en informatique et il se trouve que l’école possède depuis peu un petit lot d’ordinateurs. Nous avons quelques idées de ce côté là comme la mise en place d’une interface pour discuter avec des correspondants en écoles françaises par exemple !
Quoi qu’il en soit, nous participerons à l’éveil des élèves sur le monde qui les entoure et, eux, participeront au nôtre !
Nous les remercions d’avoir répondu à nos questions ? Alors, qu’en pensez-vous ? Ça vous donne envie de les aider et de les suivre ? Si l’une ou l’autre de ces options vous intéresse, ou les deux (😉), vous pouvez retrouver plus d’informations sur leur projet et les soutenir sur leur site web : 400 Lieues sur la Terre.
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